Mise en lumière d’une autre lutte emblématique
Depuis 2013, les organisateurs du rassemblement estival des opposants au projet d’aéroport souhaitent mettre plus particulièrement en lumière une autre lutte emblématique contre un grand projet inutile.
L’année dernière, nous avions reçu les opposants au projet de méga scierie et incinérateur ERSCIA dans la forêt du Morvan. Depuis, la justice et le Conseil d’Etat ont décidé la suspension des travaux sur le site.
Cette année, les invités d’honneur du rassemblement sont les opposants au projet de ferme industrielle / méthaniseur dit « ferme des 1000 vaches », dans la Somme. Espérons que cette invitation aura la même concrétisation que pour notre invité précédent.
La lutte contre le projet de « ferme-usine des 1000 vaches »
Sur les communes de Drucat-le-Plessiel et Buigny-Saint- Maclou, deux villages situés à 4 km d’Abbeville dans la Somme, un riche entrepreneur de BTP du Nord, M. Ramery, a décidé d’implanter une étable de 1750 bovins (1000 vaches laitières et 750 veaux et génisses), couplée à un méthaniseur de puissance industrielle. Le permis de construire a été accordé, et les travaux d’installation sont actuellement bien avancés. Même si l’autorisation d’exploiter a momentanément diminué le projet de moitié, vu que les surfaces nécessaires pour épandre le lisier sont insuffisantes, le vaste hangar de 234 m de long qui sera l’étable est construit aux dimensions initiales, c’est-à-dire pour 1000 laitières.
Ce projet hors normes, jamais vu en France, a de quoi effrayer ! Et cela dépasse les nuisances de voisinage telles que les odeurs. Que de risques pour la santé ! Même si, cyniquement, les rejets du méthaniseur sont déclarés «acceptables en termes toxiques et cancérigènes », il y aura bien évidemment dans une telle concentration animale des épidémies pouvant atteindre les humains, et, en tout cas, une forte utilisation d'antibiotiques pouvant augmenter le phénomène redouté de l’antibio-résistance. Ces bêtes enfermées à l’année, au régime alimentaire modifié pour produire au maximum, traites 3 fois par jour, donneront un lait puis une viande de réforme de piètre qualité. Pour les nourrir artificiellement, au lieu des pâtures favorables à leur bien-être et au bon équilibre général de l’air, des sols, de l’eau, il faudra des aliments importés (en général des OGM) ou poussant chez nous avec engrais chimiques et pesticides. Faut-il continuer en ce sens ?
Le méthaniseur, présenté comme agricole malgré sa taille (de façon à capter des subventions), sera, en outre, par ce subterfuge, exempté des normes de sécurité industrielle. Peu importe les accidents (incendies, fuites ou explosions) pour les riverains habitant à 600 mètres ! Il recevra des ordures multiples, récoltées dans un rayon de 110 km. Il faudra 2700 hectares pour épandre les 40 000 tonnes annuelles de boues résiduelles. Mais les épandre, c’est risquer un air vicié, des cultures impropres à la consommation, des infiltrations dans les nappes phréatiques. En Baie de Somme, on peut craindre des algues vertes, comme en Bretagne. Les véhicules lents, lourds, boueux, dans la circulation routière déjà dense en cet endroit, multiplieront les risques d'accidents. Certains épandages étant à 40 km, que penser du bilan carbone, curieusement absent du projet ?
Cette ferme-usine fonctionnera avec 18 salariés dont 10 environ sont des transferts. Comme elle va, en vendant un lait à bas prix, accélérer la disparition des petites et moyennes exploitations actuelles, elle sera, de fait, désastreuse pour l’emploi. De plus, M. Ramery, rachetant les terres par n’importe quel moyen, empêche tout jeune agriculteur de s’installer. C’est une course effrénée à la productivité intensive, à des fins purement financières, au profit du seul promoteur. Et c’est avec des subventions publiques que M. Ramery, soutenu de façon inadmissible par l’Administration et la Justice, prétend s’installer, alors que la population le refuse !
Non, on n’a pas le droit d'entreprendre n'importe où, n'importe comment, et à n'importe quel prix ! Chacun souhaite un avenir plus respectueux de la Nature et des hommes. L’association Novissen lutte depuis l’été 2011 pour faire entendre ses arguments, mais en vain. La Confédération Paysanne lui vient en aide, car ce type de projet signe la mort de l’agriculture soucieuse de préserver l’environnement, l’emploi, la qualité des produits. Une quarantaine de ses membres sont venus opérer des démontages dans la salle de traite ce 28 mai 2014, pour porter les pièces à Stéphane Le Foll, Ministre de l’Agriculture, lors de sa visite au « Printemps Bio ». La réponse a été la dérobade habituelle et les sanctions. Etrange gouvernement qui, face au deuxième syndicat agricole français, ne trouve pas d’autre réponse qu’une répression grandissante !
En savoir plus : http://www.novissen.com